EST-CE VRAIMENT NÉCESSAIRE ?

mercredi 21 septembre 2016

Chaque semaine en allant enregistrer mon émission de radio à Radio-Canada, je passe devant la petite librairie qui se trouve dans le hall d’entrée de la grosse tour brune et je jette un coup d’oeil au mur des nouveautés. Hier, en me rendant à mon studio, mon regard a été attiré par un ouvrage de Pierre-Yves McSween intitulé En as-tu vraiment besoin”. J’avais entendu cet auteur, économiste et chroniqueur à la radio la semaine dernière et son discours m’avait interpellée, étant moi-même une adepte de la question suivante: “Est-ce vraiment nécessaire?”.

Je n’ai pas encore lu le livre de McSween. Mais je suis d’avis que pour être partisan d’un monde meilleur, la question qui sert de titre à cet ouvrage devrait être celle que nous nous posons chaque fois que nous sommes sur le point d’acquérir un nouvel objet. D’après ce que j’ai entendu à la radio, je crois que le livre de McSween traite de la chose d’un point de vue davantage économique. Mais de mon côté, comme ma pensée est davantage orientée vers les questions existentielles (ma grande spécialité, pour le meilleur et pour le pire ! ), j’y vois surtout un reminder que si nous ne faisons pas attention à nos habitudes de consommation et de vie, nous contribuons volontairement (personne n’ignore que la planète se trouve dans un état critique) au détriment de la nature qui nous berce et qui nous nourrit.

Je ne fais pas la morale, je suis dans le même bateau. Il m’arrive d’utiliser des cuillères en plastique dans les cafés et les cafétérias, je consomme du café dans des tasses jetables, je m’achète parfois des vêtements provenant de l’industrie du fast-fashion, je me sers de ma voiture pour parcourir des distances qui seraient aisément franchissables en transport en commun ou parfois même à pied, et lorsque j’ai soif et qu’il n’y a pas d’abreuvoir à portée de main, j’achète de l’eau en bouteille.

On blâme souvent le consommateur mais l’origine du mal ne provient-elle pas également de nos fournisseurs qui emballent le brocoli dans deux mètres de saran wrap et de toutes ces entreprises qui sous-traitent dans les pays d’Asie de l’Est à coût moindre, même en sachant que les conditions de travail ressemblent à de l’esclavage, que les matériaux utilisés sont nocifs pour l’environnement et pour ceux qui les manipulent et que leur transport génère une pollution qui serait évitable si l’on produisait localement?

Pour changer le monde, la première étape est la prise de conscience. On ne peut ignorer ce qui n’est plus ignorable. Certains vivent de manière cent pour cent écologique et ils ont raison. Si nous commencions tous demain matin à vivre en faisant de l’environnement notre priorité absolue, peut-être réussirions-nous à sauver les meubles dans le futur.  Car oui, lorsque je lis les nouvelles qui traitent de l’état de notre planète, des visions dignes de Waterworld, The Road, et Avatar me viennent à l’esprit.

Or, il est cependant très difficile pour la majorité d’entre nous (y compris moi-même) d’imaginer changer drastiquement notre mode de vie. Je me vois mal arrêter de faire de la tournée pour éviter l’avion ou la camionnette, utiliser des toilettes à compost ou ne plus jamais acheter de produits informatiques en raison de la pollution engendrée par la rapidité avec laquelle les iPhones et autres deviennent obsolètes.

Par contre, je crois fortement à l’implantation graduelle d’habitudes saines (on sait que changer un comportement radicalement du jour au lendemain mène souvent à l’échec), d’un juste milieu que l’on peut intégrer dans nos journées, dans nos foyers et dans nos attitudes.

De mon côté, j’ai graduellement changé certaines choses, surtout au niveau de mon mode de vie et de mon attitude face à la consommation. Mon rapport aux objets n’est plus le même qu’avant et j’ai choisi la proximité, pour vivre un peu plus à l’Européenne, près de tout, dans un appartement dont la taille correspond à mes besoins. Cela me permet de faire beaucoup plus de trajets à pied (épicerie, restos, école de ma fille) et je suis mille fois plus libre de partir sans me soucier de ce que je laisse derrière. Comme j’ai très peu d’espace de rangement dans mon appart, avec un mini garde-robe, j’ai dû me départir de beaucoup beaucoup de choses. J’ai donné un tas de vêtements et j’ai réinventé ma façon de voir la mode, en me concentrant sur quelques morceaux de qualité qui peuvent être constamment réinventés avec un accessoire, un bijou ou une couleur de rouge à lèvres différent. Je me suis rendue compte en déménageant de la quantité de choses inutiles qui encombraient mon ancien garage et sous-sol. Et je me suis dit que toute cette énergie, ces matières premières et ce transport qu’avaient nécessité ces choses auraient pu être évités. J’ai dû apprendre aussi à dissocier les sentiments que j’ai pour une personne de l’objet qu’il ou elle m’a offert (tour Eiffel en plastique, ensembles de bain, presse-papier décoré, tasses-souvenirs). Pour moi, ça a été tout un défi !  Mais tout cet espace dans mon environnement de vie me donne plus de latitude pour privilégier les moments, plutôt que d’entretenir des choses. Il est certain que le jour où ma famille s’agrandira, les choses changeront peut-être, mais je me promets de garder en tête que vivre simplement, c’est tellement plus simple !!!!

Tout ça a commencé par la petite question que je me suis mise à me poser chaque fois que je suis sur le point d’acheter quelque chose, la même qui sert de titre au livre de Pierre-Yves McSween: « En as-tu vraiment besoin ? » ou « Est-ce bien nécessaire?”. Bien souvent, la réponse est “non”. Et si la réponse est “oui”, on peut passer à la question suivante : “Qu’a nécessité la création de ce bien?” Les matériaux, la couleur, la fabrication, le transport, l’emballage, pensons-y deux petites secondes.   Vous ne verrez plus de la même façon votre nouvelle paire de baskets. Peut-être cette simple pensée vous aidera-t-elle à réaliser que l’ancienne est encore bonne ? Ou que le cordonnier ferait un excellent travail pour remettre vos bottes au goût du jour ? Ou que ce veston, après un petit tour chez le tailleur, aura droit à une deuxième vie ? Juste cette petite question….

Il est important de se faire plaisir, de se gâter de temps en temps. Mais en choisissant de privilégier la qualité plutôt que la quantité, on évite qu’il se crée trop de gaspillage… Économiquement parlant, je suis certaine que M. McSween dirait que ça en vaut la peine. Penser local, penser durable. On nous le répète à tout bout de champs, mais on ne l’applique pas encore assez. Et puis, moins on a de “choses”, plus on a d’espace. L’espace c’est merveilleux. Ça permet la fluidité, le mouvement, la circulation, l’inspiration. Les compagnies de bien-être font fortune avec la détoxication du corps, pourquoi ne pas en faire de même avec l’environnement qui nous entoure, à petite et à grande échelle.

Surcharger les différentes facettes de nos vies crée des blocages à tous les points de vue.  C’en est de même pour notre belle planète. Donnons-lui un break, entretenons ses grands espaces et prenons-en soin, avant qu’il ne soit trop tard et que l’on réalise que des objets et des billets de banque, ça ne se mange pas….

florence

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